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IVANHOÉ

parti ne comptât plus ou moins de chevaliers que le nombre fixé.

Le compte fut trouvé exact. Alors les maréchaux sortirent de la lice, et Guillaume de Wyvil donna le signal en prononçant d’une voix de tonnerre ces mots :

— Laissez aller !

Les trompettes retentirent à ces paroles ; aussitôt les champions baissèrent leurs lances et les mirent en arrêt ; ils enfoncèrent les éperons dans les flancs de leurs chevaux, et les deux rangs les plus avancés de chaque parti s’élancèrent au grand galop l’un contre l’autre, et se heurtèrent au milieu de la lice dans un choc dont le bruit fut entendu à un mille de là. Le deuxième rang de chaque parti s’avança d’un pas plus lent, pour contenir les vaincus ou raffermir le succès des vainqueurs ; les conséquences du choc ne furent pas visibles sur-le-champ, car la poussière soulevée par le piétinement de tant de chevaux obscurcit l’air, et il fallut quelque temps avant que les spectateurs inquiets pussent apprécier l’issue de cette rencontre. Quand le combat devint visible, la moitié des chevaliers de chaque côté étaient démontés, les uns par l’adresse de la lance de leurs adversaires, les autres par le poids et la force supérieure de leurs ennemis, ayant abattu chevaux et hommes ; les uns gisaient sur le sol comme s’ils ne devaient plus se relever ; d’autres étaient déjà remis sur pied et combattaient corps à corps ceux de leurs adversaires qui se trouvaient dans la même condition. Enfin, des deux côtés, plusieurs combattants, ayant reçu des blessures qui les mettaient hors de combat, étanchaient leur sang avec leurs écharpes, et tâchaient de se retirer de la mêlée.

Les chevaliers montés, dont les lances avaient été presque toutes brisées par la violence du choc, étaient maintenant étroitement engagés avec leurs épées, poussant leur cri de guerre et échangeant des coups aussi pressés que si l’honneur et la vie dépendaient de l’issue du combat.

Le tumulte fut bientôt augmenté par l’arrivée des cheva-