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IVANHOÉ

faire entendre, lorsqu’un amant, un frère ou un mari tombait de cheval ; mais, en général, les dames assises autour de la lice encourageaient les combattants, non-seulement en battant des mains et en agitant les voiles et les mouchoirs, mais même en s’écriant : « Brave lance ! bonne épée ! » chaque fois qu’un coup heureux frappait leurs regards.

Tel était l’intérêt que portait le beau sexe à ce jeu sanglant ; celui que les hommes éprouvaient est plus facile à comprendre. Cet intérêt se manifestait par de vives acclamations à chaque tour de fortune, pendant que tous les yeux paraissaient rivés sur la lice, que les spectateurs semblaient eux-mêmes avoir porté ou reçu les coups qui étaient si largement distribués.

Puis, à chaque pause, on entendait la voix des hérauts clamant :

— Combattez, braves chevaliers ! l’homme meurt mais la gloire survit ! Combattez toujours ; la mort vaut mieux que la défaite ! Combattez toujours ; car de beaux yeux contemplent vos actions !

Au milieu des alternatives de succès et de revers, tous les yeux cherchaient à découvrir les chefs de chaque troupe, qui, mêlés au fort de la bataille, encourageaient leurs compagnons de la voix et de l’exemple. Tous deux firent preuve de grande bravoure ; mais ni Bois-Guilbert ni le chevalier Déshérité ne trouvèrent dans les rangs de leurs ennemis un champion qui pût se mesurer avec eux à force égale. Ils se cherchèrent plus d’une fois, stimulés par une animosité mutuelle, sachant bien que la chute de l’un ou de l’autre déterminerait la victoire.

Telles cependant étaient la foule et la confusion, que, pendant la première partie du combat, les efforts qu’ils firent pour se rencontrer étaient inutiles, et ils furent maintes fois séparés par l’ardeur de leurs partisans, dont chacun voulait se distinguer en se mesurant avec le chef du parti opposé.

Mais, lorsque la mêlée s’éclaircit par le nombre de ceux