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IVANHOÉ.

restaient encore, bien que le toit fût effondré entre elles ; sur les autres, il demeurait entier. L’entrée de cette ancienne chapelle était sous une arche ronde et très basse, ornée de plusieurs dentelures de ce feston irrégulier qui ressemble à la mâchoire d’un requin, et que l’on retrouve si souvent dans la vieille architecture saxonne. Au-dessus du porche, sur quatre petites colonnes, s’élevait un beffroi, dans lequel était suspendue la cloche verdâtre et délabrée dont les sons avaient été entendus par le chevalier noir.

Tout ce paysage, paisible et tranquille, éclairé par les derniers rayons du jour, donnait au chevalier l’assurance d’un bon gîte pour la nuit, puisque c’était un devoir spécial, chez les ermites habitants des bois, d’exercer l’hospitalité envers les voyageurs attardés et ayant perdu leur chemin.

Par conséquent, le chevalier ne se donna point le temps de considérer minutieusement les détails que nous venons de rapporter ; mais, après avoir remercié saint Julien, patron des voyageurs, qui lui envoyait un bon abri, il sauta à bas de son cheval et assaillit la porte de l’ermitage en l’attaquant du bout de sa lance, afin d’appeler l’attention de l’ermite et d’obtenir son admission dans l’ermitage.

Il se passa un certain temps avant qu’une réponse lui fût faite, et celle qu’il reçut était loin d’être favorable.

— Passez votre chemin, qui que vous soyez ! cria, de l’intérieur de la hutte, une voix rauque et profonde, et n’interrompez point le serviteur de Dieu et de saint Dunstan dans les devoirs du soir.

— Digne père, répondit le chevalier, c’est un pauvre voyageur qui a perdu son chemin dans les bois, et qui te donne l’occasion d’exercer la charité et l’hospitalité.

— Bon frère, répliqua l’habitant de l’ermitage, il a plu à Notre-Dame et à saint Dunstan de me destiner à être le modèle de ces vertus, au lieu d’en être l’instrument. Je n’ai point de provisions ici qu’un chien voulût partager avec moi, et un cheval qui eût été tendrement nourri par son