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IVANHOÉ.

veux dorés, frisés par larges boucles, de grands traits, des yeux bleus d’un éclat remarquable, une bouche bien modelée, ayant sur la lèvre supérieure des moustaches plus foncées que leurs cheveux, et offrant tout à fait la mine d’un homme hardi, courageux et entreprenant, avec laquelle son corps robuste s’assortissait.

L’ermite, comme s’il voulait répondre à la confiance de son hôte, rejeta en arrière son capuchon, et exposa une tête ronde comme une boule et appartenant à un homme dans la force de l’âge ; son crâne, rasé de près, entouré d’un cercle de cheveux noirs rudes et bouclés, avait en quelque sorte l’apparence d’un monticule entouré d’une haie ; les traits n’exprimaient rien de l’austérité monastique et ne conservaient aucune trace de privation ascétique : au contraire, c’était un visage hardi, enjoué, avec de larges sourcils noirs, un front bien fait et des joues aussi rondes et aussi vermeilles que celles d’un trompette ; de ces joues descendait une barbe noire, longue et frisée. Un pareil visage, joint aux formes charnues de ce saint homme, parlait plutôt de longes et de cuissots que de pois secs et de légumes.

Cette contradiction n’échappa point à l’hôte ; après qu’il eut avec grand-peine accompli la mastication d’une bouchée de pois secs, il lui fallut absolument supplier son pieux amphitryon de lui fournir un breuvage quelconque ; celui-ci répondit à la prière en plaçant devant le chevalier un grand broc rempli de l’eau la plus pure.

— Cette eau vient de la fontaine de saint Dunstan, dit-il, dans laquelle, entre deux soleils, il a baptisé cinq cents païens danois et bretons. Béni soit son nom !

Et, appliquant sa barbe noire à la cruche, il avala une gorgée plus que modérée, en raison de l’éloge qu’il venait d’en faire.

— Il me semble, révérend père, dit le chevalier, que les bribes que vous avez mangées, de même que ce saint et pauvre breuvage que vous venez d’avaler, vous ont réussi merveilleusement. Vous me paraissez un homme plus