Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La nécessité de choisir un chef du sang royal saxon était non seulement manifeste en elle-même, mais, en outre, elle était une condition solennelle exigée par ceux auxquels Cédric avait confié ses plans et ses espérances.

Athelsthane avait du moins cette qualité, et, bien qu’il ne possédât que peu de vertus et de talents qui le recommandassent comme chef, il avait du moins un aspect agréable : il n’était pas lâche, il était habitué aux exercices militaires, et paraissait enclin à déférer aux avis de conseillers plus sages que lui-même. Surtout on le savait libéral et hospitalier, et on le croyait d’un bon naturel. Mais, quelles que fussent les prétentions d’Athelsthane pour être considéré comme le chef de la confédération saxonne, un grand nombre de ses compatriotes étaient disposés à préférer à son titre celui de lady Rowena, qui descendait directement d’Alfred, et dont le père, ayant été un chef renommé pour sa sagesse, son courage et sa générosité, avait laissé une mémoire en grand honneur parmi sa nation opprimée.

Ce n’eût pas été chose difficile à Cédric, s’il en avait eu le désir, que de se placer lui-même à la tête d’un troisième parti, aussi formidable pour le moins qu’aucun des autres. Pour contrebalancer la descendance royale des deux autres prétendants, il possédait le courage, l’activité, l’énergie et, par-dessus tout, cet attachement dévoué à sa cause qui lui avait fait donner le surnom de Saxon ; sa naissance ne le cédait à aucune, excepté à celle d’Athelsthane et de sa pupille. Toutefois, ces qualités n’étaient pas entachées de la plus légère teinte d’égoïsme, et, au lieu de diviser encore davantage sa nation affaiblie en se créant une faction à lui, c’était un point principal du plan de Cédric d’éteindre celle qui existait déjà par un mariage entre Rowena et Athelsthane. Un obstacle s’était présenté, pour traverser ce projet favori, dans l’attachement mutuel de sa pupille et de son fils, et de là la cause originelle du bannissement de Wilfrid de la maison de son père.

Cédric avait adopté cette mesure sévère, dans l’espoir que,