Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
IVANHOÉ.

— Vous ne sauriez parler à personne, reprit le chevalier, à qui l’Angleterre et la vie de tous les Anglais pussent être plus chères qu’à moi.

— Je voudrais volontiers le croire, dit le forestier ; car jamais ce pays n’a eu autant besoin d’être soutenu par ceux qui l’aiment. Écoutez-moi, et je vous parlerai d’une entreprise dans laquelle, si vous êtes vraiment ce que vous paraissez être, vous pourrez prendre une part honorable. Une bande de misérables, sous le déguisement de gens meilleurs qu’eux, se sont emparés de la personne d’un noble Anglais, appelé Cédric le Saxon, ainsi que de sa pupille et de son ami Athelsthane de Coningsburg, et les ont transportés dans un château de cette forêt appelé Torquilstone. Je vous demande si, en bon chevalier, en véritable Anglais, vous voulez nous aider dans leur délivrance.

— Mon vœu m’oblige à le faire, répliqua le chevalier ; mais je désirerais bien savoir qui vous êtes, vous qui sollicitez mon secours en leur faveur.

— Je suis, dit le forestier, un homme sans nom ; mais je suis l’ami de mon pays et de ceux qui l’aiment. Vous devez, pour le moment, vous contenter de cette explication, d’autant plus que vous-même désirez garder l’incognito. Croyez cependant que ma parole, une fois engagée, est aussi inviolable que si je portais des éperons d’or.

— Je le crois, dit le chevalier ; je suis habitué à étudier les hommes, et, sur votre figure, je lis la probité et le courage. Je ne vous questionnerai donc plus, mais je vous aiderai à rendre la liberté à ces captifs opprimés ; et, cela fait, j’espère que nous nous séparerons, nous connaissant mieux et plus satisfaits l’un de l’autre.

— Ainsi, dit Wamba à Gurth, car, après que le clerc eut été entièrement équipé, le bouffon s’était approché de l’autre bout de la salle, et avait entendu la fin de la conversation ; ainsi, nous avons trouvé un nouvel allié ? J’espère que la valeur du chevalier sera d’un métal plus vrai que la religion de l’ermite ou la probité du yeoman ; car ce Locksley