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IVANHOÉ.

ces derniers entraînaient leurs captifs vers l’endroit fortifié où ils comptaient les emprisonner. Mais l’obscurité se faisait rapidement, et les sentiers de la forêt ne paraissaient qu’imparfaitement connus des maraudeurs. Ils furent donc obligés de faire plusieurs longues haltes, et de revenir une fois ou deux sur leurs pas pour reprendre la direction qu’ils voulaient suivre.

La nuit s’était écoulée, et l’aube avait paru avant qu’ils se fussent bien assurés qu’ils étaient dans le bon chemin ; mais la confiance revint avec la lumière, et la cavalcade chemina dès lors avec rapidité.

Pendant ce temps, le dialogue suivant eut lieu entre les deux chefs des bandits :

— Il est temps que tu nous quittes, sire Maurice, dit le templier à de Bracy, afin de préparer la seconde partie de l’expédition. Tu dois, tu le sais bien, remplir le rôle de chevalier libérateur.

— J’ai changé d’avis, dit de Bracy, et je ne te quitterai pas que l’objet de notre stratagème ne soit mis en sûreté dans le château de Front-de-Bœuf. Là, je paraîtrai devant lady Rowena sous ma forme naturelle, et j’espère qu’elle attribuera à la véhémence de ma passion ce qu’il y a eu de violence et de brutalité dans ma conduite.

— Et qu’est-ce qui t’a fait changer de plan, de Bracy ? demanda le chevalier du Temple.

— Cela ne te regarde en rien, répondit son compagnon.

— J’espère toutefois, sire chevalier, dit le templier, que ce revirement de projet ne provient d’aucuns soupçons contre mon honneur, ainsi que Fitzurze s’était efforcé de vous en faire concevoir.

— Mes pensées sont à moi, répondit de Bracy ; le diable rit, dit-on, quand un voleur en vole un autre, et nous savons que, quand même il lancerait le feu et le soufre, jamais il n’empêcherait un templier de suivre son penchant.

— Ou le chef d’une compagnie franche, répondit le templier,