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IVANHOÉ.

Malgré cette récidive de sensualité, Cédric se plaça vis-à-vis d’Athelsthane et fit voir bientôt que, si, chez lui, les malheurs de son pays pouvaient bannir le souvenir de la nourriture tant que la table était vide, cependant, du moment que les vivres reparaissaient, avec eux revenait l’appétit que ses ancêtres saxons lui avaient transmis avec leurs autres qualités.

Les captifs ne jouissaient pas depuis longtemps des plaisirs de la table, lorsque leur attention fut distraite de cette sérieuse occupation par le son d’un cor retentissant devant la porte d’entrée. Ce son résonna trois fois avec autant de force que s’il eût retenti devant un château enchanté, sortant de la poitrine du chevalier prédestiné aux ordres duquel les salles, les tours, les créneaux et les tourelles de ce château devaient disparaître comme une vapeur du matin.

Les Saxons s’élancèrent de la table vers la fenêtre ; mais leur curiosité fut désappointée, car cette ouverture ne donnait que sur la cour du château, et le son provenait d’au-delà de l’enceinte. Néanmoins, la sommation parut avoir de l’importance, car il se manifesta sur-le-champ dans le château une sérieuse agitation.

XXII

Laissons les chefs saxons retourner à leur repas, dès que leur curiosité mal récompensée leur permit d’écouter les appels de leur appétit à moitié satisfait ; car nous allons pénétrer dans la prison plus sévère d’Isaac d’York.

Le pauvre juif avait été jeté à la hâte dans un cachot de la forteresse, dont le sol était à une grande profondeur en terre, et très humide, étant plus bas que le fossé même. La seule lumière qui l’éclairât filtrait à travers deux soupiraux