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IVANHOÉ

— Oui, avec la permission de mon maître, dit Wamba ; car, voyez-vous cela, ajouta-t-il en touchant son collier, je ne puis le quitter sans son consentement.

— Oh ! une scie normande aura bientôt coupé un collier saxon, répondit de Bracy.

— Oui, noble chevalier, dit Wamba, et ainsi dit le proverbe : « Scie normande sur le chêne anglais ; joug normand sur le cou anglais ; cuiller normande dans le plat anglais ; l’Angleterre régie suivant le caprice des Normands. » Adieu le bonheur de l’Angleterre, tant qu’elle ne sera pas débarrassée de ces quatre fléaux.

— Tu es bien bon, en vérité, de Bracy, s’écria Front-de-Bœuf, de rester à écouter le jargon d’un fou quand notre ruine se prépare. Ne comprends-tu pas que la manière dont nous avons voulu communiquer avec nos amis du dehors a été déjouée par ce même gentilhomme bigarré dont tu te déclares le protecteur ?… À quoi pouvons-nous nous attendre maintenant, si ce n’est à un assaut immédiat ?

— Aux créneaux alors ! dit de Bracy. Quand m’as-tu jamais vu plus grave qu’au moment d’une bataille ? Préviens le templier, là-bas, et qu’il se batte seulement à moitié aussi bien pour sa vie qu’il l’a fait pour son ordre. Gagne toi-même les murailles ; moi, je vais faire un petit effort à ma manière, et je te promets que les outlaws saxons pourraient aussi bien tenter d’escalader le ciel que de prendre d’assaut le château de Torquilstone. Au surplus, si tu veux traiter avec les bandits, que n’emploies-tu la médiation de ce digne franklin qui paraît contempler avec tant de recueillement ton pot de vin ? Tiens, continua-t-il en s’adressant à Athelsthane et en lui présentant une coupe pleine de vin, lave ton gosier avec cette noble liqueur, et prends des forces pour nous dire ce que tu veux faire pour obtenir ta liberté.

— Ce qu’un homme de race, répondit Athelsthane, peut faire sans déshonneur. Renvoyez-moi libre avec mes