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IVANHOÉ.

pas mieux que d’aller aux créneaux, pourvu que Front-de-Bœuf voulût les excuser auprès de leur maître, qui leur avait commandé de soigner le moribond.

— Le moribond, misérables ! ajouta le baron ; je vous promets que nous serons tous moribonds, si nous ne nous défendons pas courageusement jusqu’à la fin. Mais je vais relever la garde de votre scélérat de camarade ! Ici, Urfried ! sorcière ! démon saxon ! ne m’entends-tu pas ? Va soigner cet homme alité, puisqu’il lui faut une nourrice, tandis que ces coquins se serviront de leurs armes. Voici des arbalètes, camarades, avec leur vindas et leurs viretons. Montez à la barbacane, et ayez soin que chaque vireton s’enfonce dans la cervelle d’un Saxon.

Les deux écuyers, comme la plupart des hommes de leur espèce, aimaient les hasards de la guerre et détestaient l’inaction ; ils se rendirent joyeusement à ce poste périlleux, ainsi qu’ils en avaient reçu l’ordre, de sorte que la garde d’Ivanhoé fut confiée à Urfried ou Ulrica.

Mais celle-ci, dont la tête bouillonnait au souvenir des injures qu’elle avait subies, et dont le cœur ne rêvait que vengeance, se laissa facilement persuader qu’elle ferait bien de céder à Rébecca le soin de son malade.

XXIX

L’heure du péril est aussi l’heure du dévouement. Nous sommes alors entraînés, malgré nous, par l’agitation générale de notre esprit, à trahir la vivacité de sentiments que la prudence, dans des temps plus calmes, nous fait du moins dissimuler si nous ne pouvons entièrement les étouffer. En se trouvant encore une fois près d’Ivanhoé, Rébecca fut tout étonnée de la vive émotion de plaisir qu’elle éprouvait,