Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/42

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moi, mon brave, reprit-il continuant de s’adresser à Wamba, et s’appuyant d’une petite pièce d’argent, quel est le chemin qui conduit chez Cédric le Saxon ? Vous ne pouvez l’ignorer, et il est de votre devoir de diriger le voyageur, même quand son caractère serait moins sacré que le nôtre.

— En vérité, mon vénérable père, répondit le bouffon, la tête sarrasine du compagnon de Votre Révérence a chassé de la mienne, tant il lui a fait peur, le souvenir du chemin que vous demandez, à ce point que je ne suis pas bien sûr d’y arriver moi-même ce soir.

— Bah ! dit l’abbé, tu peux nous le dire si tu veux : le révérend père a passé sa vie à combattre contre les Sarrasins pour recouvrer le saint sépulcre ; il appartient à l’Ordre des chevaliers du Temple, dont tu as peut-être entendu parler, si bien qu’il est moitié soldat, moitié moine.

— S’il n’est qu’à moitié moine, dit l’infatigable railleur, il ne devrait pas être entièrement déraisonnable avec ceux dont il fait la rencontre sur la route, lors même qu’ils ne seraient pas pressés de répondre à des questions qui ne les concernent aucunement.

— Je pardonne à ta malice, répliqua-t-il, à condition que tu me montreras le chemin de la maison de Cédric.

— Eh bien ! donc, répondit Wamba, que Vos Révérences continuent de suivre ce sentier jusqu’à ce qu’elles arrivent à une croix aux trois quarts enterrée et dont à peine il reste une coudée hors de terre ; puis, qu’elles prennent la route à gauche, — car vous trouverez quatre routes à cette croix — et j’espère que Vos Révérences seront à l’abri avant la venue de l’orage.

L’abbé remercia son sage conseiller, et le cortège, donnant de l’éperon aux chevaux, avança comme des hommes qui veulent gagner une auberge avant qu’éclate une tempête de nuit.

À mesure que le bruit des chevaux s’éloignait, Gurth dit à son camarade :