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IVANHOÉ.

— Le prêtre gaillard, dit Clément, a perdu la moitié de sa confiance dans la conversion du juif, depuis qu’il a reçu un bon coup sur les oreilles.

— Chut, rustre !… Que parles-tu de conversion ? dit le moine. N’y a-t-il donc plus de respect ici ? N’y a-t-il plus que des maîtres et point de serviteurs ? Je dis, drôle, que j’étais un peu fatigué quand j’ai reçu le horion du bon chevalier ; sans quoi, j’eusse tenu bon. Mais, si tu en rabâches un mot de plus, je t’apprendrai que je donne toujours autant que je reçois.

— Silence, tous ! cria le capitaine ; et toi, juif, songe à ta rançon. Je n’ai pas besoin de te dire que ta race passe pour maudite dans toutes les communautés chrétiennes, et, crois-moi, nous ne pouvons tolérer ta présence parmi nous. Réfléchis donc à l’offre que tu veux faire, pendant que je vais interroger un autre prisonnier.

— A-t-on pris un grand nombre de soldats de Front-de-Bœuf ? demanda le chevalier Noir.

— Pas un d’assez notable pour être rançonné, répondit le capitaine. Il y en avait quelques-uns de bas étage, que nous avons congédiés pour qu’ils se cherchent un nouveau maître ; nous avions assez fait pour la vengeance et pour le profit ; toute la troupe ne valait pas un quart d’écu ; mais le prisonnier dont je parle est une tout autre prise. C’est un joyeux moine chevauchant pour aller rendre visite à sa belle, à en juger par le harnachement de son cheval, et par ses beaux habits. Voici venir le digne prélat, aussi pimpant qu’un courtisan.

Et l’on vit paraître devant le trône du chef des archers notre ancien ami le prieur de Jorvaulx.