Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/503

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
IVANHOÉ.

Un des chapelains qui servaient de commis au chapitre, grossoya immédiatement cet ordre dans un gros volume qui contenait les procès-verbaux des chevaliers du Temple, lorsqu’ils étaient en séance solennelle ; puis, quand il eut fini d’écrire, un autre lut à haute voix la sentence du grand maître, qui, traduite du français-normand, était conçue en ces termes :

« Rébecca, juive, fille d’Isaac d’York, ayant été accusée de sorcellerie, de séduction et autres manœuvres damnables, dirigées sur un chevalier du très saint Ordre du Temple de Sion, a nié cette accusation et dit que le témoignage délivré contre elle en ce jour est faux, méchant et déloyal ; et allègue que, par légitime essoine[1] de sa personne, comme étant incapable de combattre dans sa propre cause, elle offre de soutenir son dire, représentée par un champion qui fera loyalement son devoir avec telles armes que choisira le porteur du gage de bataille, et cela à ses risques et périls.

» Elle a donné son gage, et le gage ayant été remis au noble seigneur et chevalier Brian de Bois-Guilbert du saint Ordre du Temple de Sion, celui-ci a reçu la mission d’engager le combat comme défenseur de son ordre et de lui-même, comme ayant été injurié et endommagé par les manœuvres et les artifices de la demanderesse.

» C’est pourquoi le très révérend père et puissant seigneur Lucas, marquis de Beaumanoir, a permis ledit cartel et le remplacement de la demanderesse, et a assigné le troisième jour pour ledit combat, l’endroit désigné étant l’enclos appelé la lice de Saint-Georges, près de la préceptorerie de Templestowe ; et le grand maître ordonne que la demanderesse y comparaisse par son champion sous peine de mort, comme personne convaincue de sortilége ou séduction ; et aussi arrête que le défendant comparaisse, sous

  1. Ce mot signifie exemption, excuse, et ici il se rapporte au privilége de l’appelante de comparoir par son champion au lieu et place d’elle-même, à raison de son sexe.