Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/598

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saxonne, il n’avait pu prévoir, et même, quand il ne fut plus permis de mettre en doute l’éloignement réciproque des deux fiancés, il avait encore peine à croire que deux Saxons de race pussent refuser, pour des motifs personnels, de contracter une alliance si nécessaire au bien de la nation.

La chose était cependant certaine. Rowena avait toujours témoigné pour Athelsthane une aversion insurmontable, et maintenant Athelsthane proclamait hautement et d’une manière positive qu’il renonçait à lady Rowena. La nature opiniâtre de Cédric dut fléchir devant de tels obstacles. Toutefois, il tenta une dernière et vigoureuse attaque contre Athelsthane ; mais il trouva ce rejeton ressuscité de la royauté saxonne occupé, comme les petits seigneurs campagnards de nos jours, à livrer une guerre furieuse au clergé.

Il paraît que, après toutes ses menaces sanglantes contre l’abbé de Saint-Edmond, grâce à la bonté de son caractère et de son naturel indolent, grâce aux prières de sa mère Édith, qui, comme presque toutes les dames de cette époque, était fort attachée au clergé, la colère d’Athelsthane s’était affaiblie. Tout ce qu’il fit pour satisfaire sa vengeance fut d’enfermer l’abbé et les moines dans les cachots de Coningsburg et de les y retenir pendant trois jours au pain et à l’eau.

Pour cette atrocité, l’abbé le menaça de le faire excommunier, et dressa une liste épouvantable des maux d’entrailles et d’estomac que ses moines et lui avaient soufferts par suite de cet emprisonnement injuste et tyrannique. Occupé de cette controverse et des moyens qu’il fallait employer pour résister à cette persécution ecclésiastique, Athelsthane se montra tout à fait insensible aux arguments de Cédric, et, lorsque le nom de Rowena fut prononcé, le noble Saxon vida un grand gobelet à sa santé et à sa prompte union avec son parent Wilfrid. C’était donc un cas désespéré. Il était évident qu’il n’y avait plus rien à