Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je vous prie en grâce, mon oncle, répondit le bouffon, de permettre que, pour cette fois, ma folie vienne en aide à mon astuce. Je n’ai commis qu’une méprise entre ma main droite et ma main gauche, et celui qui a pris un fou pour son conseiller aurait pu en pardonner une plus grande.

Ici, la conversation fut interrompue par l’entrée du valet de garde, qui annonça qu’un étranger était à la porte et demandait l’hospitalité.

— Qu’il entre, dit Cédric, quel qu’il soit ; par une nuit orageuse comme celle-ci, les bêtes fauves mêmes sont obligées de se réfugier près des animaux domestiques et de rechercher la protection de l’homme, leur ennemi mortel, pour échapper à la fureur des éléments. Qu’il soit pourvu à tous ses besoins ; veillez à cela, Oswald.

Et le majordome quitta la salle du banquet pour faire exécuter les ordres de son maître.


V


Oswald, en rentrant, dit à l’oreille de son maître :

— C’est un juif qui se nomme Isaac d’York ; est-il convenable que je le conduise dans cette salle ?

— Que Gurth fasse son office, Oswald, dit Wamba avec son effronterie habituelle ; le porcher sera un huissier tout trouvé pour le juif.

— Sainte Vierge ! dit le prieur en se signant, un juif incrédule ! un juif admis en notre présence !

— Un chien de juif ! répéta le templier, un chien de juif s’approcher d’un défenseur du saint sépulcre !

— Par ma foi ! dit Wamba, il me paraît que MM. les templiers aiment l’héritage des juifs bien mieux que leur société.