Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Que la bénédiction de Jacob descende sur toi, brave jeune homme !… dit le juif. À Sheffield, je puis loger chez mon parent Zareth, et trouver le moyen de continuer mon voyage sans péril.

— Soit ! dit le pèlerin, nous nous séparerons à Sheffield, et une course d’une demi-heure nous mènera en vue de cette ville.

La demi-heure se passa dans un silence complet de part et d’autre, le pèlerin dédaignant peut-être d’adresser la parole au juif, hormis dans les cas d’absolue nécessité, et le juif ne présumant pas devoir forcer à la conversation une personne au caractère de laquelle le voyage au saint sépulcre prêtait une sorte de sainteté.

Ils s’arrêtèrent sur le sommet d’une petite colline, et le pèlerin, montrant au juif la ville de Sheffield, qui s’étendait sous leurs pieds, lui dit ces mots :

— Ici donc, nous nous séparons.

— Pas avant que vous ayez reçu les remerciements du pauvre juif, dit Isaac ; car je n’ose vous prier de m’accompagner chez mon parent Zareth, qui pourrait me fournir quelque moyen de reconnaître vos bons offices.

— Je t’ai déjà dit, répondit le pèlerin, que je ne désirais pas de récompense. Cependant, si, parmi la longue liste de tes débiteurs, tu veux, par amour pour moi, épargner les fers et le donjon à quelque malheureux chrétien qui soit entre tes griffes, je regarderai le service que je t’ai rendu ce matin comme amplement payé.

— Attendez, attendez, dit le juif en saisissant le manteau du pèlerin, je voudrais faire plus que cela, je voudrais faire quelque chose pour vous. Dieu sait que le juif est pauvre ; oui, Isaac est un mendiant parmi ses frères. Mais pardonnez-moi si je devine ce qui vous fait faute en ce moment.

— Si tu devines juste, dit le pèlerin, c’est une chose que tu ne saurais me fournir, quand même tu serais aussi riche que tu te dis pauvre.

— Que je me dis ! répéta le juif. Oh ! croyez-moi, je ne