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Grâce retrouvée

Heugh-Foot ; et qu’à la nuit tombante, il l’avait fait descendre, fatiguée et terrifiée, à environ un quart de mille de la demeure de ses parents. Ce récit fut suivi de mille félicitations de part et d’autre.

À ces vives et tendres émotions succédèrent bientôt des réflexions bien moins agréables.

« C’est un triste endroit que celui-ci, pour vous toutes », dit Hobbie en jetant ses yeux autour de lui. « Je pourrais fort bien dormir dehors, à côté de mon cheval, comme cela m’est arrivé, plus d’une longue nuit, dans les montagnes ; mais vous, comment allez-vous faire ? c’est ce que je ne vois pas, et demain et après, vous serez probablement encore dans la même position sans que je puisse y apporter de remède.

— C’est une action lâche et cruelle », dit une des sœurs, que de chasser ainsi une pauvre famille au milieu des champs, où l’on ne trouve, rien.

— Et de ne nous laisser ni taureau ni bœuf », dit le plus jeune frère, qui entrait en ce moment ; « ni brebis, ni agneau, ni rien qui mange de l’herbe ou du grain.

— S’ils avaient quelque vieille rancune contre nous », dit Henri, le second frère, « n’étions-nous pas là pour la vider ? Et il a fallu que nous fussions tous hors de la maison, tous sur la montagne ! Parbleu ! si nous eussions été au logis, l’estomac de Grœme n’aurait pas eu besoin de son déjeuner ; mais il n’y perdra rien pour attendre, n’est-ce, Hobbie ?

— Nos voisins ont fixé un jour pour se rendre à Castleton et s’arranger avec lui, en présence de tout le monde », dit tristement Hobbie ; « il a fallu faire comme ils ont voulu, sans quoi on ne devait s’attendre à aucun secours de leur part ?

— Pour s’arranger avec lui ! » s’écrièrent à la fois les deux frères, « après un acte de scélératesse comme on n’en a jamais vu dans le pays, depuis les temps de maraude !

— Cela est vrai, mes enfants, dit Hobbie ; mon