Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
Le Nain Noir

ment son père ; « quant à moi, j’en suis las et n’en reparlerai plus jamais.

— Que le ciel vous bénisse, mon cher père ! » dit Isabelle en lui prenant la main, qu’il cherchait à retirer ; « hors la tâche de souffrir les persécutions de cet homme, il n’est rien que vous puissiez me commander, et à quoi je ne me soumette sans la moindre répugnance.

— Vous êtes très-complaisante, miss Vère, lorsqu’il vous arrive de penser qu’il vous convient d’écouter votre devoir », dit son inflexible père en arrachant sa main de la tendre étreinte de sa fille ; « mais dorénavant, mon enfant, je m’épargnerai la peine de vous donner des conseils désagréables sur quelque sujet que ce soit ; c’est à vous à vous gouverner vous-même. »

En ce moment, quatre brigands foncèrent sur eux. M. Vère et son domestique tirèrent leurs couteaux de chasse, qu’on était dans l’usage de porter à cette époque, et essayèrent de se défendre et de protéger Isabelle ; mais, pendant que chacun d’eux était aux prises avec son antagoniste, elle fut entraînée dans l’épaisseur du bois par les deux autres bandits qui la placèrent sur un cheval et montèrent sur les leurs qui se trouvaient tout à portée derrière le taillis. Ils la placèrent au milieu d’eux, chacun tenant la bride du cheval qu’elle montait, et se mirent à galoper bon train, par des sentiers sombres et tortueux, à travers les vallons et les collines, la bruyère et les marécages, et la conduisirent à la tour de Westburnflat, où elle fut strictement surveillée, sans être autrement maltraitée, et confiée à la garde de la vieille femme dont le fils était propriétaire de la forteresse. Ni prières, ni supplications ne furent capables de tirer de la vieille sorcière le moindre renseignement sur le motif de son enlèvement forcé et de son emprisonnement dans un lieu aussi écarté.

L’arrivée d’Earnscliff et d’une troupe nombreuse