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Le Nain Noir

enfant… une fille ingrate peut-être, mais enfin ma fille, mon unique enfant. Où est miss Ilderson ? Elle doit savoir quelque chose de cette affaire. Ceci s’accorde avec les informations que j’ai de ses machinations. Allez, Dixon, priez M. Ratcliffe de venir à la minute… »

La personne qu’il venait de nommer entra en ce moment dans la chambre.

« Je vous répète », Dixon, continua M. Vère en changeant de ton, « de faire savoir à M. Ratcliffe que je le prie de me favoriser de sa compagnie pour une affaire toute particulière. Ah ! mon cher monsieur », ajouta-t-il comme s’il ne l’avait pas encore aperçu, « vous êtes justement la personne dont les conseils me sont le plus nécessaires dans l’extrémité où je me trouve.

— Que vous est-il donc arrivé, monsieur, pour vous troubler ainsi ? » dit M. Ratcliffe d’un ton grave ; et pendant que le laird d’Ellieslaw lui donne, avec toutes les marques de douleur et d’indignation, les détails de l’aventure de la matinée, nous profiterons de cette occasion pour faire connaître à nos lecteurs les rapports que ces deux personnages avaient entre eux.

Dès sa première jeunesse ; M. Vère d’Ellieslaw s’était fait remarquer par une vie dissipée, que, dans un âge plus avancé, il avait échangée contre une non moins destructive de profonde et turbulente ambition. Dans l’un et l’autre cas, il avait satisfait sa passion prédominante, sans avoir égard à la diminution de sa fortune particulière, bien que, dans les circonstances où il n’était pas mû par les mêmes motifs, il passait pour être serré, avare et peu scrupuleux sur les moyens de se procurer de l’argent. Ses affaires se trouvant très-embarrassées par suite de ses extravagances de jeunesse, il alla en Angleterre, où, suivant l’opinion générale, il fit un mariage avantageux. Il fut plusieurs années absent du