Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
La fiancée par contrainte

agitation à un degré suffisant qui lui permit de lire ce qui suit :

« Mon cher cousin, je trouve que ma fille est, comme je m’y étais attendu, dans le plus grand désespoir en voyant la précipitation extraordinaire de sir Frédéric Langley. Elle ne peut même concevoir le péril dans lequel nous sommes et jusqu’à quel point nous sommes liés envers lui. Pour l’amour de Dieu, faites usage de toute votre influence sur lui, afin de l’engager à modifier des propositions que je ne peux ni ne veux presser ma fille d’accepter, contre ses propres sentiments, et au mépris de ceux de la délicatesse et des convenances. Vous obligerez votre affectionné cousin.

R. V. »

Dans l’état d’agitation où elle était en ce moment, ses yeux baignés de pleurs et sa tête tout étourdie, pouvant à peine comprendre le sens de ce qu’elle lisait, il n’est pas étonnant que miss Vère ne se soit pas aperçue que cette lettre semblait donner à entendre que sa répugnance au mariage proposé portait plutôt sur la manière et sur le temps, que sur une haine décidée pour l’époux qu’on lui présentait. M. Vère sonna et donna la lettre à un domestique, avec ordre de la remettre à M. Mareschal ; puis se levant, il continua à se promener dans l’appartement, en gardant le silence, et l’esprit en proie à la plus vive agitation, jusqu’à l’arrivée de la réponse. Il jeta un coup d’œil sur son contenu, et pressa fortement la main de sa fille en lui donnant la lettre, qui était ainsi conçue :

« Mon cher parent, j’ai déjà parlé au chevalier dans les termes les plus pressants de l’objet en question, mais je le trouve aussi inébranlable que Cyeviot, je suis réellement peiné de voir que l’on presse