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Conclusion

cohistle. Elle le représente comme ayant été brave soldat, bon voisin et chrétien sincère.

M. Ratcliffe résidait habituellement avec la famille à Ellieslaw ; mais au printemps et en automne, il s’absentait régulièrement pendant environ un mois. Quant au lieu vers lequel il se dirigeait et au motif de ce voyage périodique, il garda constamment le silence ; mais personne ne doutait que ce ne fût pour se rendre auprès de son patron. À la fin, après une de ces visites, son air triste et son costume de grand deuil firent connaître à la famille d’Ellieslaw que son bienfaiteur n’existait plus. La mort de sir Edouard n’ajouta rien à la fortune d’Earnscliff et de son épouse, car il s’était dépouillé pendant sa vie de tout ce qu’il possédait, et principalement en leur faveur. Ratcliffe, son unique confident, parvint à un âge assez avancé, mais sans jamais faire connaître le lieu où il s’était retiré, ni son genre de mort, ni l’endroit où il avait été enterré. On pensait généralement que son bienfaiteur avait exigé de lui qu’il gardât à ce sujet le secret le plus inviolable.

La disparition subite d’Elshie de son étrange ermitage confirma les bruits que les gens du peuple avaient fait courir sur son compte. Il y en eut plusieurs qui crurent qu’ayant osé entrer dans un édifice consacré, malgré son pacte avec Le malin esprit, il avait été enlevé corporellement pendant qu’il retournait à sa chaumière ; mais la plupart sont d’avis qu’il ne disparut que pour un temps, et qu’on le voit encore quelquefois sur les montagnes ; et comme, suivant l’usage, on conserve un souvenu plus vif de ses discours étranges et violents que du sentiment de bienveillance qui inspirait la plupart de ses actions, on croit assez ordinairement qu’il est le même que le méchant démon appelé l’Homme des Marécages, dont mistress Elliot racontait les mauvais tours à ses petits-fils ; aussi le représente-t-on généralement comme jetant un sort sur les moutons,