Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
Le Miroir de ma Tante Marguerite

cessassent d’exister. Je ne puis non plus refuser d’avouer la justesse de votre raisonnement ; mais étant convaincue contre ma volonté, vous gagnerez peu par vos observations ; vous pourriez tout aussi bien énumérer à un amant bien épris les imperfections de sa maîtresse ; après en avoir déroulé la liste, vous n’aurez pour toute réponse que : c’est une raison pour lui de l’aimer davantage. »

Je ne fus pas fâché de changer les tristes idées de ma tante ; je répondis donc sur le même ton : « Je suis bien persuadé que notre excellent roi est d’autant plus certain de l’affection loyale de mistress Bothwell qu’il a en sa faveur le droit de naissance des Stuarts autant que par l’acte de succession.

— Il est possible que mon attachement soit plus vif à raison des droits dont vous parlez, répondit la tante Marguerite ; mais en vérité, il serait aussi sincère que si le droit du roi n’était fondé que sur la volonté de la nation, comme l’a prouvé la révolution. Je ne suis pas un de vos gens jure divino[1].

— Et malgré cela, vous êtes une jacobite.

— Tant que vous voudrez, ou plutôt je vous permets de m’appeler comme ceux de leur parti, qu’on nommait, sous le règne de la reine Anne, les Whimsicals[2], parce qu’ils agissaient aussi souvent par sentiment que par principe. Après tout, il est assez singulier que vous ne vouliez pas permettre à une vieille femme d’être inconséquente dans ses sentiments politiques, tandis que presque tous les hommes le sont dans toutes les affaires de la vie ; car vous ne pouvez m’en citer un seul chez qui les passions et les préjugés ne viennent pas éloigner ou déranger les idées justes et raisonnables.

— Cela est vrai, ma tante ; mais vous, vous vous égarez volontairement, et je veux vous engager à rentrer dans la bonne voie.

  1. Partisans du droit divin. A. M.
  2. Les fantasques. A. M.