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CHAPITRE III

L’apparition.


Nain brun ou noir, qui erres dans ces lieux marécageux, dis ton nom à Keeldar. — L’homme brun du marécage, qui se tient sous la fleur de bruyères.
John LEYDEN.


L’objet qui alarma le jeune fermier au milieu de sa courageuse déclaration, fit tressaillir un moment même son compagnon, quoique moins esclave des préjugés de l’époque. La lune, qui s’était levée pendant leur conversation, semblait, selon l’expression du pays, nager ou se débrouiller au milieu des nuages et ne répandait qu’une lumière douteuse et interrompue. À la faveur d’un de ses rayons qui vint frapper sur la grosse colonne de granit de laquelle ils approchaient, ils aperçurent une forme qui paraissait être humaine, mais beaucoup au-dessous de la taille ordinaire, et qui marchait lentement au milieu des pierres grisâtres, non comme une personne qui se propose d’aller plus loin, mais avec cette allure lente, irrégulière, serpentante, d’un être qui erre autour d’un lieu qui lui présente de tristes souvenirs ; de temps en temps il faisait entendre un murmure sourd et totalement indistinct.