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Le Nain Noir

nelle. Le jeune chasseur appela deux fois cet être extraordinaire, qui ne leur fit aucune réponse ; et sans s’occuper de son compagnon, qui le pinçait continuellement pour lui faire comprendre qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que de continuer leur route, ni s’inquiéter davantage d’une créature d’un extérieur si singulier et tellement hors de la nature, il répéta une troisième fois ses questions : « Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici à cette heure de la nuit ? » Aussitôt une voix lui répondit, dont le son aigu, sauvage et discordant, fit faire à Elliot deux pas en arrière et fit même tressaillir son compagnon : « Passez votre chemin et ne demandez rien à ceux qui ne vous disent rien. »

— Que faites-vous dans un endroit aussi éloigné de tout abri ? ajouta Earnscliff, La nuit vous a-t-elle surpris en route ? voulez-vous venir chez nous ? (Dieu nous en préserve ! s’écria Hobbie involontairement.) Je vous donnerai un logement.

— J’aimerais mieux habiter seul le fond du Tarras-Flour », murmura de nouveau Hobbie. « Passez votre chemin, » répéta cet être étrange, d’un ton que la colère avait rendu plus rude ; « je n’ai besoin, ni de votre logement, ni que vous me serviez de guide ; cinq ans se sont écoulés depuis le jour où ma tête ne s’est reposée sous le toit de l’habitation des hommes, et j’espère que ce sera le dernier.

— Il est fou, dit Earnscliff.

— Il a quelque chose du vieux Humphrey Ettercap, le chaudronnier ambulant, qui périt justement dans cet endroit-ci, il y a environ cinq ans, » répondit son superstitieux compagnon ; « mais Humphrey n’était pas d’une grosseur aussi épouvantable.

— Passez votre chemin, » répéta de nouveau l’objet de Leur curiosité ; « l’haleine des hommes empoisonne l’atmosphère qui m’environne ; le son de vos