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Visite au solitaire

salut de politesse auquel le Nain daignait quelquefois répondre par un mot ou un signe de tête. Earnscliff passait souvent par là, et rarement sans s’informer de la santé du solitaire, qui paraissait maintenant avoir fait tous ses arrangements pour le reste de sa vie.

Il était impossible de l’engager dans aucune conversation sur ses affaires personnelles. Il n’était, d’ailleurs, ni communicatif, ni abordable sur aucun sujet, bien qu’il parût avoir considérablement perdu de l’extrême férocité de sa misanthropie, ou plutôt tomber plus rarement dans des accès d’aliénation mentale, dont cette férocité était un des principaux symptômes. Aucun raisonnement ne pouvait le déterminer à accepter quelque chose au delà du strict nécessaire, bien qu’Earnscliff lui fît beaucoup d’autres offres par charité, et ses plus superstitieux voisins par d’autres motifs. Il récompensait les bienfaits de ces derniers par les conseils qu’il leur donnait, lorsqu’il était consulté par eux, ainsi qu’il finit peu à peu par l’être, sur leurs maladies ou celles de leurs bestiaux. Souvent aussi il leur fournissait des remèdes, et paraissait posséder non-seulement les simples qui croissaient dans le pays, mais aussi les drogues qui venaient des pays étrangers. Il donnait à entendre à ces personnes que son nom était Elshender le Reclus ; mais bientôt le peuple ne l’appela plus que Curny Elshie, ou le sage hère de Mucklestane-Moor. Il y avait des personnes qui ne se bornaient pas à l’interroger sur leurs maux corporels, mais qui demandaient encore des conseils sur d’autres sujets, et il les leur donnait avec ce ton de finesse digne d’un oracle, ce qui confirmait à un haut degré l’opinion où l’on était qu’il était doué de connaissances surnaturelles. Ceux qui le consultaient laissaient ordinairement quelque offrande sur une pierre à quelque distance de la cabane. Si c’était de l’argent, ou quelque chose qu’il ne trouvait pas à