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Le Nain Noir

sion générale et profonde de compassion l’accompagna : « Ah ! pauvre garçon ! pauvre Hobbie !

— Il va apprendre maintenant ce qu’il y a de pire pour lui, disait l’un.

— Mais j’espère qu’Earnscliff sera assez heureux pour recueillir quelques renseignements sur la pauvre fille », disait un autre.

Telles furent les exclamations de ces gens qui, n’ayant point de chef reconnu pour diriger leurs mouvements, attendirent patiemment le retour de Hobbie et résolurent de se laisser guider par ses instructions.

L’entrevue de Hobbie avec sa famille fut extrêmement attendrissante. Ses sœurs se précipitèrent dans ses bras et l’étouffèrent pour ainsi dire de leurs caresses, comme si elles eussent voulu l’empêcher de regarder autour de lui et de s’apercevoir de l’absence de celle qui lui était encore plus chère.

« Que Dieu te bénisse, mon fils ! Il peut nous secourir, quand le secours du monde est un roseau brisé. » Tel fut l’accueil que fit la pauvre vieille à son infortuné petit-fils. Il jeta autour de lui ses regards inquiets, tenant deux de ses sœurs chacune par une main, tandis que la troisième était suspendue à son cou. « Je vous vois, dit-il, je vous compte ; ma grand’mère, Lilias, Jeanne et Annot ; mais où est… (il hésita, puis comme s’il eût fait un effort, il continua) où est Grâce ? sûrement ce n’est pas le moment de se cacher, ni de plaisanter.

— Ô mon frère » ! notre pauvre Grâce ! » Ce fut la seule réponse qu’il put obtenir à toutes ses questions, jusqu’à ce que sa grand’mère se levât, et le dégageant doucement des bras de ses sœurs qui fondaient en larmes, le fit asseoir, et avec la pathétique sérénité qu’une piété sincère, comme l’huile que l’on jette sur les vagues irritées, peut répandre sur les douleurs les plus vives, elle lui dit : « Mon enfant, lorsque ton grand-père fut tué à la guerre, et me lais-