Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 65.pdf/248

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MARGUERITE.

M’a donné de l’ouvrage, sa pratique, celle de quelques grandes dames, et j’ai établi dans cette maison, sur le palier en face, un atelier de couture, où mon aiguille est au service de monsieur le marquis (Saluant.) et, de sa société.

LE MARQUIS.

Ce n’est pas de refus.

LESCAUT, à demi-voix au marquis.

Elle est piquante, la jeune ouvrière, et si ce n’étaient ses principes et ses six étages…

LE MARQUIS, de même, à Lescaut.

Oui ! c’est trop élevé pour toi ! (Haut à Marguerite.) Mais dis-moi, Marguerite, toi à qui l’on peut se fier, toi qui ne mens jamais, pourrais-tu me donner des renseignements ?… je te demande cela…

MARGUERITE.

De la part de votre mère ?

(Allant chercher une chaise qu’elle offre au marquis.)

LE MARQUIS, s’asseyent à droite.

Oui, sur une jeune personne qui demeure ici.

MARGUERITE.

Mademoiselle Manon, ma voisine ?

LESCAUT.

Précisément.

MARGUERITE.

Ah ! la gentille ! l’adorable fille !… quel dommage…

LE MARQUIS, vivement.

Quoi donc ?…

MARGUERITE.

Il y a des destinées qu’on ne peut vaincre ! Imaginez-vous qu’arrivée récemment de sa province en robe d’indienne, en cornette blanche, un petit paquet sous le bras… c’était tout son bagage… on voulait la renvoyer de cette mansarde