Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 65.pdf/256

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MARGUERITE.

Miséricorde !

MANON.

Il m’a menée dans son carrosse.

MARGUERITE.

Toi ?…

MANON.

Un carrosse tout étincelant de glaces et de dorure… ah ! qu’on y était bien… au fond, à côté de lui !

MARGUERITE.

En tête-à-tête ?

MANON.

Non ! je te conterai cela… Enfin, j’y étais seule, quand Desgrieux… vois le hasard… Desgrieux qui passait dans la rue, m’aperçoit et pousse un cri ! sa figure était pâle, ses lèvres tremblantes… j’ai bien vite sauté à bas de la voiture. « Qu’as-tu, mon chevalier ? ne crains rien ! je quitterais pour toi les carrosses du roi ! viens ! viens ! » et je l’entraîne en lui disant à la hâte ce qui vient de m’arriver.

MARGUERITE.

El le marquis ?

MANON.

Je l’avais oublié, ainsi que sa voiture !… j’étais à pied !… mais près du chevalier, près de lui, qui serrait mon bras, qui riait, et nous rentrions à notre mansarde… tous les deux !

MARGUERITE.

Ah ! Manon ! tu es une drôle de fille ! le cœur est bon, mais la tête est folle !

MANON.

Qu’importe ?