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LE MARQUIS, à part.

Obligé de recevoir dans un pareil moment… quel ennui ! (Haut, s’adressant aux domestiques qui sont restés au fond.) Que ce pavillon soit réservé… que personne n’y pénètre… et rappelez-vous bien que ce n’est plus à moi (Montrant Manon.) mais à madame…

LESCAUT, à part, avec joie.

Madame !…

LE MARQUIS.

Que chacun doit obéir.

LESCAUT, de même.

Déjà !

LE MARQUIS, bas à Lescaut.

Oui ! elle a daigné accepter ces bijoux, ces dentelles et cet hôtel qui, désormais, lui appartient, et dont je te nomme l’intendant et le majordome !

LESCAUT.

A la bonne heure ! la famille est donc enfin traitée selon son rang. (Regardant les diamants qui sont sur la table, à droite.) Tout cela est à nous ! tout !

LE MARQUIS, s’approchent de Manon et à demi-voix.

J’enverrai dès demain l’ordre de cesser les poursuites contre le chevalier… ce soir, d’autres soins me réclament… un bal… une fête… je ne pouvais prévoir, Manon, votre arrivée… chez vous ! Je tâcherai de congédier tout ce monde de bonne heure, et, au lieu de souper là-bas, je vous demanderai avant de me retirer et de prendre congé de vous… l’honneur de souper ici… en ami… sans façon… vous me le permettez ?…

(Pendant ce qui précède, Lescaut s’est approche de la table, à droite, et a pris un écrin qu’il regarde.)

LESCAUT.

Bijoux de famille !