Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 65.pdf/364

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(Elle l’aide à s’asseoir sur un quartier de roche. — Regardant son bras.)

––Sa blessure d’hier !… Une pâleur mortelle
––––Couvre son front !

(Elle prend la gourde et lui fait boire le peu d’eau qui y reste.)

––––Couvre son front ! Reprends tes sens, ami !

(Le regardant.)

––––Il revient… il renaît !
DESGRIEUX, ouvrant les yeux.
––––Il revient… il renaît ! Merci ! merci !

(Se levant.)

––––Ce n’était rien !… marchons, ma bien-aimée ;
––Le pourras-tu ?
MANON, s’efforcent de paraître forte.
––Le pourras-tu ? Mais oui… je m’appuirai sur toi !
DESGRIEUX, prenant la gourde.
––Tiens ! par cette eau d’abord que la soif soit calmée !

(Avec terreur.)

––Plus rien !… rien !
MANON, souriant.
––Plus rien !… rien ! A quoi bon ?… je n’ai pas soif !… crois-moi.
Ensemble.
MANON, s’efforçant de sourire.
––––––Je ne souffre plus ! je respire !
––––––Je sens renaître, avec bonheur,
––––––Et sur mes lèvres le sourire,
––––––Et l’espérance dans mon cœur.
DESGRIEUX.
––––––Son sein plus doucement respire !
––––––Je vois renaître, avec bonheur,
––––––Et sur ses lèvres le sourire.
––––––Et l’espérance dans son cœur.

(A la fin de cet ensemble, Manon qui a jusque-là cherché à se contraindre, succombe à ses souffrances.)