Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/17

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MASH., debout près du fauteuil où est assis Bolingbroke. Mais si vraiment… quand on aime quelqu’un… quand on est aimé…

BOL. J’y suis !… l’objet de vos rêves ! la personne à qui vous pensiez tout à l’heure en dormant ?

MASH. Oui, monsieur… la plus aimable, la plus jolie fille de Londres, qui n’a rien… ni moi non plus… et c’est pour elle que je désire les honneurs et la richesse… j’attends, pour l’épouser, que j’aie fait fortune.

BOL. Vous n’êtes pas encore très avancé… et elle de son côté ?

MASH. Bien moins encore !… orphelin comme moi, demoiselle de boutique dans la Cité, chez un riche joaillier… maître Tomwood…

BOL. Ah ! mon Dieu !

MASH. Qui vient de faire banqueroute… Elle se trouve sans lace et sans ressource.

BOL, se levant. C’est la petite Abigaïl…

MASH. Vous la connaissez ?

BOL. Parbleu, du vivant de ma femme… je veux dire quand elle vivait près de moi… j’étais un abonné assidu des magasins de Tomwood… ma femme aimait beaucoup les diamants, et moi, la bijoutière… Vous aviez raison, Masham, une fille charmante, naïve, gracieuse, spirituelle…

MASH. Eh ! mais, à la manière dont vous en parlez… est-ce que vous en auriez été amoureux ?…

BOL. Pendant huit jours ! et peut-être plus ! si je n’avais pas vu que je perdais mon temps… et je n’en ai pas à perdre… maintenant surtout…