Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/68

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Scène II.

LA DUCHESSE, LA REINE, ABIGAÏL.

LA DUCH., entrant par la porte du fond. Voici, madame, des dépêches du maréchal… et puis, malgré l’effet qu’a produit le discours de Bolingbroke…

(Elle s’arrête en apercevant Abigaïl.)

LA REINE. Eh bien !… achevez.

LA DUCH., montrant Abigaïl. J’attends que mademoiselle soit sortie.

ABIG., s’adressant à la reine. Votre Majesté m’ordonne-t-elle de m’éloigner ?

LA REINE, avec embarras. Non… car j’ai tout à l’heure des ordres à vous donner… (Avec une sécheresse affectée.) Prenez un livre. (À la duchesse d’un air gracieux.) Eh bien ! Duchesse ?…

LA DUCH., avec humeur. Eh bien ! malgré le discours de Bolingbroke, les subsides seront votés, et la majorité, jusqu’ici douteuse, se destine pour nous, à la condition que la question sera nettement tranchée, et qu’on renoncera à toute négociation avec Louis XIV !

LA REINE. Certainement.

LA DUCH. Voilà pourquoi l’arrivée à Londres et la présence du marquis de Torcy produisaient un si mauvais effet ; et j’ai eu grandement raison, comme nous en étions convenues, de promettre en votre nom que vous ne le verriez pas, et qu’aujourd’hui même il recevrait ses passeports.

ABIG., près du guéridon à droite où elle est assise et laissant tomber son livre. Ô ciel !