Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/77

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LA REINE, écoutant et croyant entendre la duchesse. Silence… j’ai cru entendre… Partez, Bolingbroke… on vient…

BOL. Non, madame… (Continuant avec chaleur.) Si j’ajoutais qu’un intérêt non moins vif et plus tendre fait redouter à la duchesse une paix fatale et gênante, qui ramènerait le duc à Londres et à la cour…

LA REINE. Voilà ce que je ne croirai jamais…

BOL. Voilà cependant la vérité !… Et ce jeune officier qui tout à l’heure était ici… Arthur Masham peut-être… pourrait vous donner de plus exacts renseignements…

LA REINE, avec émotion. Masham… que dites-vous ?

BOL. Qu’il est aimé de la duchesse…

LA REINE, tremblante. Lui !… Masham ?…

BOL., prêt à sortir. Lui… ou tout autre, qu’importe ?

LA REINE, avec colère. Ce qu’il m’importe, dites-vous ?… (Se levant vivement.) Si l’on m’abuse, si l’on me trompe !… si l’on met en avant les intérêts de l’État, quand il s’agit de caprices, d’intrigues, ou d’intérêts particuliers… Non, non… il faut que tout s’explique ! Restez, mylord, restez ! moi, la reine, je veux… je dois tout savoir !

(Elle va regarder du côté de la galerie à droite et revient.)

BOL., à part pendant ce temps. Est-ce que par hasard… le petit Masham ?… Ô destins de l’Angleterre, à quoi tenez-vous ?

LA REINE, avec émotion. Eh bien ! Bolingbroke,