Page:Scribe - Théâtre, 1.djvu/453

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Air : Un homme pour faire un tableau.

J’ai fréquenté jusqu’à présent
La Bourse ; plus que le Parnasse ;
Mais je sais payer le talent…

LEDRU.

Ah ! que ne suis-je à votre place !
Le talent a de quoi flatter ;
Mais j’aimerais mieux, à tout prendre,
Être en état d’en acheter
Que de me voir forcé d’en vendre.

ROBERVILLE.

Monsieur, je suis sûr que vous nous en donnerez pour notre argent, et que, grâce à vous, mon fils va devenir…

LEDRU.

Vous pouvez être sûr que je le servirai… qu’est-ce que je dis donc ? que je l’instruirai… à ma manière. Enfin je lui apprendrai tout ce que je sais, et ça ne sera pas long ; mais je suis impatient de voir le petit bonhomme.

ROBERVILLE.

Mais il n’est pas si jeune ! je ne vous ai pas dit qu’il avait dix-sept à dix-huit ans ?

LEDRU.

Ah ! diable ! j’aurais mieux aimé le commencer. Il faudra presque qu’il oublie ce qu’il a appris, pour que nous soyons au pair, et que nous puissions nous entendre.

ROBERVILLE.

Je vous ai écrit que c’était un jeune nourrisson des muses.