Page:Scribe - Théâtre, 14.djvu/246

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ROBERT.
Non, je ne le suis pas non, je me fais justice !
Plus tard… Conserve encor ce dépôt, chère Alice.
Tout m’accable à la fois ! en proie à la douleur,
Je nourris les tourmens d’une ardeur inutile.
ALICE.
Vous aimez ?
ROBERT.
Vous aimez ? Sans espoir. Connais tout mon malheur :
De la princesse de Sicile
Les charmes ont touché mon cœur ;
Je crus sa conquête facile,
Je la vis s’attendrir !… mais troublé, mais jaloux,
Je voulus l’enlever ; j’osai braver son père ;
De tous ces chevaliers je défiai les coups !
ALICE.
Ô ciel !
ROBERT.
Ô ciel ! Je succombais, lorsque, dans la carrière,
Bertram, un chevalier, mon ami, mon sauveur,
Aux plus hardis fit mordre la poussière ;
Je lui dus la victoire et perdis le bonheur.
ALICE.
Eh quoi ! la princesse Isabelle…
ROBERT.
Depuis je n’ai pu la revoir.
ALICE.
À ses premiers sermens elle sera fidèle.
ROBERT.
Et comment le savoir ?