Page:Scribe - Théâtre, 14.djvu/415

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RACHEL, à sun père.

Ah! pour vous, dans ma tendrcsse,

Je sens un effroi mortel!

De leur foule qui s’empresse

Je connais le cœur cruel!

Rentrons, rentrons au nom du ciel!

{Elle force son père à rentrer dans l’intérieur de la boutique. Pendant le chœur précédant, un homme enveloppé d’un manteau apparait au fond de la place. Il regarde du côté de la boutique d’Éléazer; Albert, un officier des gardes de l’empereur, remarque cet étranger, le suit jusqu’au bord du théâtre, et jetant les yeux sur lui, fait un geste du surprise et de respect.)

ALBERT.

Sous ce déguisement, dans les murs de Constance,

C’est vous que je revois!

LÉOPOLD, lui mettant la main sur la bouche

Silence!

De toi seul, cher Albert , qu’ici je sois connu!

ALBERT.

Par l’Empereur vous êtes attendu.

LEQPQLD.

Que Sigismond ignore ma présence!

Jusqu’à ce soir du moins!...

(Regardant autour de lui.)

Mais quel concours immense!

Et d’où vient ce tumulte?...

ALBERT.

Eh! ne savez-vous pas

Que Sigismond arrive aux remparts de Constance

Pour ouvrir ce concile où princes et prélats

Vont de la chrétienté terminer les débats,

Décerner la tiare, éteindre l’hérésie,

Et du fougueux Jean Hus juger le dogme impie!