Page:Scribe - Théâtre, 14.djvu/44

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MASANIELLO.

Chef du peuple ! Oui, cruels ! oui, son chef, son vengeur !
Mon règne doit durer autant que sa vengeance.
Vous vivans, je suis roi ; vous morts, simple pêcheur :
Mon règne sera court.

LE CHEF DE LA JUSTICE.

Mon règne sera court. Grâce ! que la clémence
Touche un peuple inhumain et sourd à nos accens !

MASANIELLO.

Entendiez-vous ses cris quand vous étiez puissans ?
Vous l’écrasiez sous votre tyrannie :
De la sienne à mes pieds subissez donc la loi.

LE MARQUIS.

Nous t’offrons nos trésors, accorde-nous la vie !

MASANIELLO.

Que pouvez-vous m’offrir qui ne soit pas à moi ?
Ces trésors, je le sais, sont le fruit de nos peines :
Il n’importe, reprenez-les.
Si je me suis armé, c’est pour briser nos chaînes
Et non pour piller vos palais.

LE CHŒUR.

Écoute nos voix suppliantes,
Laisse-toi fléchir par nos pleurs

MASANIELLO.

Non.

LE CHŒUR.

Non. Désarme les mains sanglantes
Des ministres de tes fureurs !

MASANIELLO.

Non, non.