Page:Scribe - Théâtre, 14.djvu/61

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BORELLA.

Borella ? Compagnons, armez-vous, ou tremblez !
De nombreux bataillons qu’Alphonse a rassemblés
Marchent vers ce palais, ils s’avancent…

PIÉTRO.

Marchent vers ce palais, ils s’avancent… O rage !

BORELLA.

Le ciel même paraît combattre contre nous.
De quelques grands malheurs trop sinistre présage
Les sourds mugissemens du Vésuve en courroux
De ce peuple crédule ont glacé le courage.

LE CHŒUR DE PÊCHEURS.

D’un juste châtiment qui peut nous préserver ?

LE CHŒUR DE FEMMES.

Masaniello peut seul arrêter leur furie.

LE CHŒUR DES HOMMES.

Masaniello peut encor nous sauver.

BORELLA, montrant la porte à gauche.

N’y comptez plus !

LE CHŒUR.

N’y comptez plus ! O ciel ! il a perdu la vie !

BORELLA.

Non, il respire encor ; mais sourd à nos accens,
Je ne sais quel délire a maîtrisé ses sens.

PIÉTRO.

C’est Dieu qui l’a frappé.

BORELLA.

C’est Dieu qui l’a frappé. Tantôt, sombre et farouche,
Il se croit entouré de mourans et de morts ;