Et par cette ruse innocente.
Malgré soixante ans accomplis,
On ne s’en donne plus que trente :
Sous le masque tout est permis.
Au bal, sous l’habit de Pyrame,
D’une Thysbé je suis les pas ;
Cette Thysbé c’était ma femme,
Qui ne me reconnaissait pas.
Par une double inadvertance,
Nous nous jurons d’un ton épris,
Amour, fidélité, constance :
Sous le masque tout est permis.
Dans nos modes tout se déguise ;
Tout se déguise en nos festins :
Où trouver, hélas ! la franchise ?
On n’en voit plus même en nos vins ;
Grâce au flacon qui l’accompagne,
Et grâce au cachet qu’il a pris,
Le surène devient champagne :
Sous le masque tout est permis.
On le sait bien, tout ce qu’on donne
Pendant l’année est excellent ;
On sait que chaque pièce est bonne :
En carnaval, c’est différent.
Le goût accorde des dispenses,
Et si nos auteurs en ont pris,
Pardonner-leur quelques licences :
Sous le masque tout est permis.