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30 juin 1911. — Il y a plus longtemps que de coutume, trois jours entiers. Je ne l’ai pas revu. Il a compris sans doute que ses leçons de Pékinois m’importaient moins que ses leçons de vie Pékinoise, qui ne peuvent, sans surmenage, se donner quotidiennement. Ou bien il mène en dehors de ma maison et de moi son jeu compliqué. J’en ai quelque jalousie. D’abord il me plaît. Je commence à l’accepter, voire avec la négligence affectueuse que l’on a pour celui qui se fait attendre d’une veille au lendemain. Il me faudrait faire effort pour le peindre, si j’avais jamais à le peindre, et pourtant il est beau dans l’action, le mouvement libre dans l’air, à cheval, ou chevauchant une histoire au galop, avec moins de volubilité que de domination contenue de l’acte et de ce qu’il dit. — Et il est impossible d’oublier le persistant de son regard d’ombre, dilaté brusquement.

Comme si je l’attendais, j’ai fait disposer ce soir la grande chaise et mon fauteuil, dans ma cour, tiède du chaud soleil de tout ce jour… comme pour des confidences encore…

Autour de moi, dans le ciel, du tonnerre. Le tonnerre dans l’arène renversée ; … le tonnerre qui,