Page:Segalen - René Leys.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou payer à Ts’ien-men-waï, puisqu’il est possesseur, par ordre, au fond du Palais du Régent. Il est temps de s’inquiéter avec décence non seulement de la santé de sa jeune concubine, — mais de la santé de ses amours avec la jeune concubine.

… J’hésite à formuler ma demande : une fois ou deux, il a décliné des indiscrétions de ce genre. Enfin, la morale me paraît ici l’exiger !

— Dites-moi, cher, où en êtes-vous de vos amours avec… le petit cadeau du Régent ?

J’attendais une rebuffade. Non. Mais sa réponse emprunte tout naturellement l’expression Pékinoise.

— Oh ! pas encore ouvert.

Charmant ! et d’une précision bien placée ! Mais je voudrais savoir : pourquoi. L’objet n’est-il point digne de son démaillotage ? Doit-on craindre des précédents fâcheux ? Une saveur ancienne ? Peut-on savoir à quelques dizaines près l’âge, officiel ?

— Seize ans, à la chinoise, répond exactement René Leys.

Donc, quatorze ou quinze années de notre temps.

— Et, elle est jolie ?

René Leys se recueille, hésite, comme s’il ne l’avait pas bien regardée… puis :

— Vous vous souvenez du sixième fils du duc Tch’ang qui était auprès de nous au théâtre… à l’ouest, sur la même rangée ? Je vous l’ai fait voir.

Je ne m’en souviens pas, mais, tant pis :