Page:Segalen - René Leys.djvu/158

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longtemps que l’autre Concurrente d’Extrême-Occident, l’autre « Old Lady », Victoria, sa contemporaine ou à peu près, — depuis cette mort, les mots « Impératrice » et « Douairière » ne coiffaient plus rien d’existant (pour moi). Parfois, les gazettes locales enregistraient quelque geste rituel démarqué d’autrefois, un assez pâle édit brodé du sceau délavé de Long-Yu… C’est vrai. J’avais « oublié » l’Impératrice !

— La cousine du Régent, n’est-ce pas ?

— Bien plus ! sa propre belle-sœur ! puisque le Régent est le frère cadet de l’Empereur défunt dont elle était la première femme…

C’est encore vrai. J’avais oublié aussi. Mais le cousinage me paraît ici plus grave, et d’importance politique moyenne : le Régent et elle étaient neveux à un degré peu éloigné de l’ancienne Douairière ; l’un et l’autre portaient le même Nom de Clan, Nom d’assez mauvais augure, puisqu’une prophétie, qui remplit les bouches mécontentes de Pei-king, assure que la dynastie finira « par les fautes du Clan Ye-ho-na-la ».

— Comment, mon cher Leys, vous ne connaissez pas cette « mauvaise aventure » attachée à la famille de vos amis ?

Ce cher Leys répond avec sécurité :

— Les Ts’ing sont plus solides qu’ils n’ont jamais été, et le Régent beaucoup plus habile qu’il n’en a l’air. Il accepte toutes les Réformes…