Page:Segalen - René Leys.djvu/212

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Non. Vraiment ! Je n’accepte plus… Il y a là-dedans ou bien cécité politique soudaine comme l’ « hystérie de l’autruche », ou bien mystification intéressée dans laquelle je ne tiens pas à jouer de rôle. Je l’interroge assez brusquement :

— Et les deux télégrammes de Canton qui viennent de parvenir aux Légations Européennes ? Je les ai vus. Le chancelier ne m’a pas demandé le secret : les consuls de là-bas annoncent en dehors de toutes nouvelles de sources chinoises que les trois provinces se proclament en république. Elles n’ont peut-être pas beaucoup de vrais soldats ; mais elles ont des têtes, des otages, et pas mal d’argent…

René Leys revêt le mutisme très digne qui précède les grands aveux.

— Enfin, que pense-t-il de tout ça, ton ami Tch’ouen, fils du Septième Prince, et Régent ? Il lui faut bien répondre :

— Le Régent n’en sait encore rien. Personne n’a osé le lui dire. On a donné des ordres en conséquence. Le Ministre de la Guerre est parti pour la guerre.

Bien. Les ordres sont donnés. Des troupes régulièrement payées prennent la route du sud.

Il fait une belle nuit d’automne expirant… Pourquoi me préoccuper de ce Sun-Yat-sen exotique, aussi « nègre » pour le digne chinois de la Wei ou le blême conquérant de Mandchourie que serait un Wolof métissé d’arbi s’agitant à Dakar, quand le