Page:Segalen - René Leys.djvu/251

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est dans toutes les mains, pour « un cuivre » — le prix d’une tranche de pastèque, déjà sucée au marché !

Et vraiment je n’ai plus dans ce quartier que je quitte — car ma résolution est vraiment bien prise, et mon déménageur déjà requis, — je n’ai plus qu’un seul devoir à accomplir : prendre congé du voisin Jarignoux. À défaut de Princes du Sang, ce vendeur de son sang Européen me livrera peut-être la raison marchande de cet épilogue, sans doute payé : l’abdication, le désistement sans bruit…

Au moment où je tinte à sa porte, il en sort, et s’exclame :

— Tiens ! justement j’allais chez vous ! Vous… vous ne savez pas ce qui vient d’arriver ?

— Non. Il n’est rien arrivé du tout !

— Oh ! ce pauvre monsieur Leys !

Je sais. Je sais d’avance. Monsieur Leys, deux fois marié, doit être déjà deux fois cocu.

— Mais ce n’est pas du père dont je vous parle ; ce pauvre monsieur René…

— Eh bien ?

— Ce petit, qui était tout le temps chez vous… On l’a trouvé mort ce matin.

Oh ! la belle histoire ! une de plus à toutes celles qu’il m’a déjà si bien contées…

Jarignoux attend évidemment quelque réponse. Le moment est doux pour plaisanter enfin :