Page:Segard - Le Mirage perpétuel, 1903.djvu/24

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Elle est comme un grand cri poussé dans le désert,
Et, de son fleuve roux au lointain horizon,
Le sol fauve est pareil à la peau d’un lion
Dont les blés desséchés auraient été couverts.

Ô Tolède hautaine, ô ruine exaltante,
Relique d’un passé de massacre et de guerre,
Comme tu portes haut l’orgueil héréditaire,
La volonté de vivre et la tristesse ardente !

J’ai gravi tes sentiers rocailleux en serrant
Dans ma droite un long cep de vigne centenaire,
J’ai dormi sur le seuil des petits sanctuaires,
Les mules aux longs yeux me frôlaient en passant.

J’ai vu ton alcazar brûlé, ta cathédrale,
Tes portes dans les murs délabrés s’encastrant,
Et comme un conquérant parmi des conquérants
De l’escalier des tours j’ai suivi la spirale