Page:Segard - Le Mirage perpétuel, 1903.djvu/44

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Une danseuse enfant, svelte et comme hésitant,
S’avance à pas craintifs sur les degrés de pierre ;
Dans le soir plus léger mon âme plus légère
S’émeut à sa venue et tremble en l’attendant.

Elle porte un grand vase roux de forme pure,
Ses deux bras relevés sont sinueux et blancs,
Le geste héréditaire a fait saillir ses flancs,
Sa poitrine précoce a des arêtes dures.

Ô toi que le hasard approche ainsi de moi,
Es-tu donc ma pensée un moment incarnée ?
Mon cœur te pressentait comme la destinée,
Vois, je te reconnais sans rien savoir de toi !

Tes yeux semblables à deux fleurs miraculeuses
Se posent sur mes yeux comme un baume, tes mains
En me tendant la coupe où vacille le vin
Me font ressouvenir d’époques fabuleuses.