Page:Segard - Le Mirage perpétuel, 1903.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Comme ta voix est douce à mon cœur bondissant !
Ton nom seul est un souffle amoureux qui s’exhale,
Ô Luciuola, syllabes musicales
Qui me font défaillir comme un parfum d’encens !

Veuille ne me danser aucune tarentelle,
Et reprends ton amphore au long col évasé,
J’y mettrai si tu veux un humide baiser,
Puis tu t’éloigneras, harmonieuse et belle.

Le feuillage luisant de ces hauts chêneverts
Verse déjà la nuit aux herbes et aux plantes,
Je perçois maintenant dans l’ombre grandissante
Tout le soupir immense et léger de la mer,

Et voici que, mêlée à ce vin de Sicile
Où tantôt se mirait ton visage immobile,
Je savoure à longs traits avec un peu de fièvre
La douceur de ton nom qui se fond sur mes lèvres.