Page:Segard - Le Mirage perpétuel, 1903.djvu/81

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Ah ! pauvre être de nerfs et de muscles fragiles,
Comme s’évanouit toute ta volonté
Lorsque frémit l’archet qui te saura dompter,
Ah ! vaine résistance, et révolte débile !

Mon cœur est fatigué de lutte, il s’abandonne,
Le thème du désir et celui de la mort
S’enroulent comme un cep autour d’un thyrse d’or,
Et je souffre un plaisir douloureux qui m’étonne.

Mais l’angoisse survit aux bonheurs trop aigus,
La mort seule en notre âme assoupit et contente
Ce besoin d’infini qui toujours nous tourmente,
Je rêve de baisers pour toujours éperdus ;

Femme, qui que tu sois, dont j’attends la venue,
Veuille entendre l’appel déchirant de mon cœur,
Vois, mes yeux sont noyés d’extase et de langueur,
Et j’écoute, anxieux, ta parole inconnue !