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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/116

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Camus.

Tu ne veux pas de cette bringée ? Fameuse bête ! Une livre de beurre par jour ! Un lait crémeux, magnifique, une bête qui ne tarit jamais.

Lucas.

Oh ! que si, elle tarit, car je l’ai vue tarie chez le voisin Guillaume.

Camus.

Ne te mêle pas de notre marché, gamin. Ton père sait bien faire ses affaires lui-même.

Lucas.

C’est que nous la connaissons, votre bringée. Mon père n’en a pas voulu il y a un an.

Camus.

C’est-y vrai, Thomas ? Tu n’es donc pas connaisseur ?

Thomas.

Écoute donc. Puisque tu la revends au bout d’un an, c’est que tu n’en es déjà pas si content.

Camus.

Au contraire, c’est parce que c’est la meilleure vache de mon étable. Je n’achète des vaches que pour les revendre et gagner dessus.

Thomas.

Combien la fais-tu, ta bringée ?

Camus.

Ah ! je ne la donnerai pas un liard moins de trente pistoles, trois cents francs.

Thomas.

Tiens, tu ne te gênes pas ; tu l’as payée cinquante francs de moins il y a un an.