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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/127

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Thomas était chez lui ; il ne trouvait pas son compte dans un marché qu’il avait fait ; il lui manquait dix francs qu’il ne retrouvait pas. Il était donc de fort mauvaise humeur, lorsque la porte s’ouvrit et que M. Frölichein se montra.

« Encore ce grand Allemand », murmura entre ses dents le père Thomas.

M. Frölichein.

Pien le ponchour, bère Domas. Ché fiens fous tire que je foudrais pien afoir fotre carçon.

Le père Thomas.

Je vous l’ai déjà refusé deux fois, monsieur ; laissez-moi mes garçons, cela ne vous regarde pas.

M. Frölichein.

Mais, mon pon bère Domas, fotre carçon a quinze ans. C’est le pon âche, ça. Ché fous bayerai pien ; le carçon sera gontent.

— Je ne vends pas mes enfants, répondit le père Thomas d’un ton bourru.

M. Frölichein.

Mon pon Tieu, faut pas fous fâcher, mon pon bère Domas. Ché ne fous vais bas te mal. Ché feux, au gontraire, fous faire peaugoup de pien. Fous ferrez ce gué ché ferai te fotre carçon. Il sera rige gomme le chuif t’ici brès.

Le père Thomas.

Nous n’avons pas de juif ici.

M. Frölichein.

Le chuif, ché tis bour rire ; c’est le betit fieux, M. Véréor. Eh ! eh ! eh !